Dark Light

Jours Tranquilles au Caire

by Isabelle Mayault

Piétonne

J’avance dans une transe chaude
Il est tard pour être à jeun, la ville est à l’arrêt
Mes seins à hauteur de tous les yeux de toutes les voitures
A portée d’une main plus téméraire que les autres.
Un jappement humain s’échappe par une vitre ouverte :
Les cheveux collés aux tempes,
Les jambes enveloppées de coton,
J’avance bercée par l’air qui vient d’on ne sait où.
Cet air de rentrée qui ailleurs annonce un hiver terrible
Chante ici avec insouciance l’immortalité de la saison haute.

-03 septembre 2012


Le Caire est une fiction

Comme dans le Mexique de Roberto Bolaño, des femmes sont violées et battues
Comme dans un film des frères Coen, on retrouve des hommes nus dans le désert
Comme dans un alexandrin de Victor Hugo, des villes font sécession
Comme dans une pièce de Beckett, les rassembleurs n’arrivent jamais
Comme dans Dirty Harry, des hommes en uniforme tirent en plein jour sur des hommes sans uniforme
Comme dans une ronde de Kusturica, on pointe des flingues en riant vers le ciel
Comme dans un conte d’Italo Calvino, au Caire, on vit perchés.

– 25 février 2013


Le sacre du vide

Ils occupent le ciel, c’est commode
Pour abrutir les oiseaux, les immeubles, les gens
Tantôt semblables à une tondeuse
Tantôt à des intestins malades
Ils occupent le ciel, c’est symbolique
Car tandis que vous cherchez dans quelle pièce de votre maison vous les entendez le moins
Vous ne pensez pas à ce qui s’est passé ce matin
À la façon dont cet homme a marché à reculons jusqu’au trône
De peur qu’on le lui vole
Ils occupent le ciel, c’est normal
Sinon qui saurait que le roi est roi ?
Qui croirait que c’est arrivé ?
L’intronisation de l’oubli, le sacre du vide ?
Ils occupent le ciel et rien d’autre
Le ciel est grand, oui, mais la Terre aussi
Et le coeur des hommes qui, un jour, ensemble, debout, ont dit non
N’est pas crédule comme celui d’un enfant.

– 9 juin 2014

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